Monday, March 29, 2010

Barrick et la censure : haro sur les sujets sensibles

Un nouveau cas de censure et d’atteinte à la liberté d’expression s’est ébruité la semaine dernière. Un livre à paraître au Canada anglais est victime d’une tentative de censure rappelant étrangement la saga ayant entouré il y a déjà deux ans la parution du livre Noir Canada chez Écosociété. Situation peut-être pas si étrange puisque au centre de la controverse se retrouvent les mêmes acteurs !

Le livre ciblé et dont la parution était annoncée chez Talonbooks pour ce printemps : Imperial Canada Inc.: Legal Haven of Choice for the World’s Mining Industries. Celui qui a dirigé la rédaction de cet ouvrage collectif, Alain Deneault, est justement l’un des auteurs de Noir Canada. Les deux autres co-auteurs du livre ont aussi participé à l’ouvrage. Partant du constat selon lequel le Canada héberge près des trois quarts des entreprises minières du monde, l’objet du livre devait chercher à démontrer que le Canada constitue un « paradis judiciaire » pour les acteurs du monde minier, comme en témoigne notamment le fait que ces sociétés n’ont pas à rendre de comptes et que celles-ci bénéficieraient entre autres de largesses pour utiliser les paradis fiscaux, en plus de recevoir de généreuses subventions fédérales. Cette simple présentation a soulevé l’ire du géant de l’industrie aurifère, la canadienne Barrick Gold, la même société qui a intenté une poursuite de 6 millions de dollars contre la maison d’édition Écosociété après avoir vainement tenté d’empêcher la sortie de Noir Canada.

On se souviendra en effet qu’en avril 2008, Écosociété avait fait fi des pressions de Barrick et lancé l’ouvrage qui dénonçait les actions de sociétés canadiennes sur le continent africain. S’en était suivie une poursuite-baillon (communément appelée SLAPP) de l’ordre de 6 millions de dollars. Après deux années de tractations judiciaires on apprenait récemment que le procès allait finalement débuter en septembre 2011. Entre temps, Écosociété est devenu l’objet d’une autre poursuite, celle-là de l’ordre de 5 millions de dollars, de la part du géant minier canadien Banro.

Rappeler cette poursuite de Barrick Gold à l’endroit d’Écosociété n’est pas sans intérêt puisque la compagnie y fait explicitement référence dans sa récente mise en demeure adressée aux sept auteurs, à deux éditeurs et même aux deux traducteurs ! Écosociété est d’ailleurs l’un des deux éditeurs visés même si elle n’a aucune implication dans le projet. Dans sa mise en demeure « préventive », le plus grand producteur aurifère du monde, se basant uniquement sur le résumé disponible en ligne, dit menacer de poursuites quiconque oserait publier des propos jugés « diffamatoires » par la société. Dans le document obtenu par le quotidien Le Devoir, Barrick mentionne : « Republier, de quelque façon que ce soit, les affirmations fausses ou diffamatoires qui ont été publiées à l’origine dans Noir Canada sans faire le moindre effort pour contacter Barrick ou pour vérifier l’exactitude de ces accusations serait manifestement inéquitable et inapproprié, particulièrement dans les présentes circonstances, alors qu’il n’y a aucun besoin pour vous de répéter ces accusations fausses au sujet de Barrick et que vous avez déjà publiées dans un autre ouvrage ». Comme le souligne le journaliste Alexandre Shields, Barrick demande par ailleurs aux auteurs de « fournir une copie de toute portion du manuscrit ou du texte d’Imperial Canada Inc. qui ferait référence, directement ou indirectement, à Barrick, à Sutton Ressources Ltd., à l’une de leurs filiales ou sociétés affiliées, ou à l’un de leurs administrateurs ou dirigeants, qu’ils soient anciens ou actuels [...] ». On invite aussi à s’assurer de la rigueur des propos avancés par les auteurs et ce, avant la publication du livre, et à ne pas reprendre le « le contenu diffamatoire » publié dans Noir Canada.

Évidemment, les auteurs ont jusqu’à présent refusé de se plier aux exigences de Barrick. L’éditeur devant publier l’ouvrage, Talonbooks basé à Vancouver, quant à lui, craignant les représailles et appréhendant les conséquences financières a cédé au chantage de la minière et a décidé d’annuler la publication du livre. Désormais, sur le site Internet de l’éditeur, une simple mention « publication cancelled » accompagne la page de l’ouvrage.

Cette nouvelle fronde de la part du géant minier devrait nous interpeller au plus haut point et constitue un sérieux affront aux valeurs démocratiques et à la liberté d’expression. Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir, un collectif d’universitaires déplore d’ailleurs l’annulation de la sortie du livre, dont « la contribution au débat public est aujourd’hui ajournée sur la seule base de conjectures faites par Barrick quant à son contenu, dont elle suppose qu’il serait diffamatoire. Dans cette histoire, des auteurs se voient de facto dénier le droit de publier les résultats de plusieurs mois de recherche. Si elle était mise à exécution, cette dernière menace de la part de Barrick risquerait d’ouvrir un troisième front pour les auteurs, ajoutant de nouvelles procédures d’une lourdeur sans nom. » Même si Barrick, par son statut proéminent dans l’industrie, aurait probablement été pris à partie par les auteurs, le prendre pour acquis relève en effet de la conjecture. La présentation du livre sur laquelle Barrick a fondé sa position ne mentionnait d’ailleurs même pas le nom de la compagnie.

Ces universitaires sont inquiets pour les conséquences que ces menaces peuvent avoir sur la liberté académique. Ils se demandent ainsi : « Pourquoi Barrick s’attaque-t-elle si promptement à un livre qui n’est ni publié, ni même terminé ? Sur quelles bases l’entreprise se sent-elle légitimée d’entamer cette mise en demeure pouvant conduire à d’éventuelles actions judiciaires ? Qu’est-ce que cela suppose pour la liberté d’expression, la liberté académique et le droit démocratique de discuter entre citoyens d’enjeux qui ne font pas d’emblée l’objet d’un consensus ? » Face à l’acharnement dont fait montre Barrick, on peut en outre légitimement se demander si la compagnie n’a pas quelque chose à cacher sur la nature de ses activités, une question d’intérêt public à n’en point douter. D’un autre côté, ses manœuvres ont pour effet de braquer les projecteurs sur elles davantage que ne l’aurait fait la parution régulière des ouvrages visés.

Au-delà des atteintes condamnables à la liberté d’expression des actions de Barrick, cette histoire vient rappeler l’importance d’instaurer des dispositions juridiques permettant d’empêcher ce genre de poursuites abusives et corriger cette situation dans laquelle les tribunaux ont conféré au « droit à la réputation » une supériorité sur la liberté d’expression qui engendre ce genre d’intimidation et de censure. Le Québec a effectué un pas dans cette direction avec l’adoption en juin dernier de la Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens au débat public. Mais on semble encore loin du compte. Rien de tel par contre au Canada anglais. Puisse cette histoire accélérer les pressions pour corriger cette situation déplorable.

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Friday, March 26, 2010

SERVICES PUBLICS AU-DELÀ DES LUCIDES: ÉMISSION DU 26 MARS 2010

Cette semaine, on s'entretient avec Philippe Hurteau, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) pour parler des finances publiques et des pistes de solutions pour maintenir nos services publics, en prévision du budget qui sera déposé le 30 mars prochain et de la grande manifestation du 1er avril prochain à l'appel de la coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics.

Aussi au menu,
- Le gouvernement Harper fait obstacle à la venue du Dr. Mustafa Barghouti pendant que la colonisation se poursuit en Palestine et que les villages de Bi'lin et Ni'lin sont déclarés "zones militaires closes".
- Retour à l'ordre du jour du projet de loi C-2 sur l'accord de libre-échange Canada-Colombie, dénoncé par la coalition SOS-Colombie.
- Pression sur un fromager artisan pour empêcher la commercialisation du Brie du monopole.

En musique
KARKWA - Les chemins de verre
MOUSSETTE - Les fauves
EFFET DOMINO - Subir le temps
RESSAQ - Porte-à-faux
URBAIN DESBOIS - Le pain
LES TIREUX D'ROCHES - Cé qu'essé
PAVEMENT - Stereo
WEEZER - The world has turned and left me here

Friday, March 19, 2010

PHILOPOLIS ET BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES: ÉMISSION DU 19 MARS 2010

Cette semaine,

- un entretien avec Louis Chartrand pour parler de l'événement Philopolis, qui aura lieu à McGill et l'UQAM les 20 et 21 mars.
- une entrevue avec Jessy du Comité pour les droits humains en Amérique latine pour parler de la 5e caravane solidaire Des barrages hydroélectriques qui ne font pas l'unanimité.

Plogues
- Grande manifestation du Front commun SISP-CSN-FTQ le 20 mars à midi à la place du Canada.
- 6 à 8 dans le cadre de la contre-campagne pré-budgétaire, Courage politique : pour la défense de nos services publics!, le 22 mars, 18h, à la Place d'à côté, 4571 Papineau, avec Louis Gill, Philippe Hurteau, Francine Lévesque et Françoise David.
- Le Dr. Mustafa Barghouti, législateur palestinien à Montréal, le 21 mars, 18h30, au pavillon Claire McNicoll (salle Z110) de l'Université de Montréal.
- Dernier week-end du Festival des films sur les droits de la personne. Grande première de Les super mémés de Magnus Isaacson au Cinéma du Parc, 20 mars à 19h30. Une présentation d'Alternatives, Les Artistes pour la paix, le Collectif Échec à la guerre et Vidéo Femmes.
- Le Centre justice et foi présente Le prix de l'or de Camille de Vitry, le 22 mars, 19h, à la Maison Bellarmin, 25 rue Jarry ouest, avec Alain Denault et Ugo Lapointe.
- Lancement du deuxième numéro du journal du GRIP-UQAM, L'intérêt public, le 19 mars, 17h, au deuxième étage du pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM dans le cadre de la Foire des médias alternatifs.

En musique
FRED FORTIN - Le cinéma des vieux garçons
THOMAS FERSEN - La chauve-souris
CORRIGAN FEST - Je suis fils
LES GUEULES DE BOIS - Plougrescent
LA VARDA - O'Sullivan / Voyage 6 (Irlande)
FEUILLET ET LES PATRONS-MINETTES - Les gens bien assis
FLOGGING MOLLY - Tobacco Island
TRADITIONNEL - Rocky road to Dublin

Friday, March 12, 2010

NOS IMPÔTS POUR LA PAIX: ÉMISSION DU 12 MARS 2010

Cette semaine,

- un entretien avec Dominique Boisvert de Nos impôts pour la paix, regroupé au sein de Conscience Canada, pour parler de la Déclaration d'impôts pour la paix.
- Des fonds destinés aux réfugiés du Darfour détournés, nous dit Thomas C. Mountain.
- Des millionnaires veulent payer plus d'impôts en Allemagne!
- Montréal au coeur de l'architecture financière de l'échappatoire fiscale.

En musique
LE HAVRE - Agora
MONOGRENADE - Ce n'est rien
VULGAIRES MACHINS - Le mythe de la démocratie
MAKAK - L'argent nous branche
GENEVIÈVE ET MATTHIEU - El Noranda
LES AMIS D'TA FEMME - Ragougnasse (chanson dégueulasse)
THE BUTTHOLE SURFERS - Hurdy gurdy man
THE BESNARD LAKES - Albatross

Friday, March 05, 2010

FFDPM, FRAIS DE SCOLARITÉ, JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES: ÉMISSION DU 5 MARS 2010

Cette semaine,

- un entretien avec Diya Angeli, directrice de la programmation du 5e festival des films sur les droits de la personne de Montréal, qui a lieu du 11 au 21 mars 2010.
- un entretien avec Alex Desrochers, secrétaire aux relations internes de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), autour du Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités.
- un entretien avec Ève-Marie Lacasse, responsable de la coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes et membre de la Fédération des femmes du Québec, pour parler des activités entourant la journée internationale des femmes du 8 mars et la 3e action internationale de la Marche mondiale des femmes.
- Semaine contre l'apartheid israélien du 4 au 11 mars 2010.

En musique
LES MARMOTTES APLATIES - Cendrier
DOROTHÉE EST UNE SALOPE - Je me souviens
GWENWED - 8mm
MARTEL SOLO - Claques sa gueule
WINTERMITTS - En avion
KARKWA - Le temps mort
TINDERSTICKS - Harmony around my table