Sunday, September 27, 2009

L’ENVERS DE LA BOURSE DU CARBONE

Le sommet de Copenhague approche à grands pas. Et à mesure que l'échéance se rapproche, ils sont de plus en plus nombreux à en prévoir l'échec. Cette rencontre est pourtant sensée jeter les bases des suites à donner au protocole de Kyoto. Déjà insuffisants en regard des efforts requis, les engagements qu’il renferme ne seront donc fort probablement pas rencontrés dans le temps échu aux pays signataires. Pendant ce temps, contrairement à ce que l'on pourrait croire, au sein des pays qui semblent le plus réceptifs au dialogue les mesures significatives en matière de lutte au réchauffement climatique se font toujours attendre. Et cela est d'autant plus vrai chez nous.

Jusqu'à présent, en fait, malgré les engagements colossaux requis pour endiguer le réchauffement en deça des 2 degrés, il n'y a que deux tendances qui semblent avoir la cote auprès des décideurs publics : les éco-taxes sous la forme d'une taxe sur le carbone et la mise en place de bourses du carbone. Ce sont d’ailleurs les principaux mécanismes mis de l’avant par l’esprit Kyoto. Ils sont pourtant plusieurs à exprimer des doutes sur l’efficacité de telles mesures.

Concernant la taxe, reconnaissons d'entrée de jeu que celle-ci a le mérite de reconnaître le principe du pollueur-payeur. Et l'argent généré par l'application d'une telle taxe pourrait permettre de financer certaines initiatives qui seraient porteuses en matière de développement des énergies renouvelables et d'implantation de mesures d'efficacité énergétique, tout en permettant d'offrir des crédits d'impôts aux entreprises qui auront consentis les efforts nécessaires en matière de reconversion énergétique. Par contre, une telle taxe, dans les faits, ne poserait pas nécessairement de frein à la pollution. Puisqu'une entreprise qui en aurait les moyens pourrait continuer de polluer en s'acquittant de la taxe tant et aussi longtemps que celle-ci n'atteindrait pas un niveau prohibitif. Et comme le rapport de force actuel semble jouer en faveur des gros intérêts privés, il y a fort à parier que pour l'instant les niveaux de taxation sur le carbone seront plutôt timides. Et comme les diverses taxes sur le carbone proposées jusqu’ici ne prévoient pas de progressivité, le prix étant le même pour tout le monde, elles risquent de pénaliser les ménages à faibles revenus et les petites entreprises qui n’ont pas nécessairement les ressources pour assumer une reconversion énergétique. Certains pays ont déjà annoncé leur intention d'instaurer de telles taxes, comme la France qui en prévoit l'instauration pour 2010. Et si elle est accueillie comme un premier pas chez les uns, elle est considérée comme étant une mesure nettement insuffisante chez les autres.

Une bourse pour les affairistes du climat


L'autre avenue importante préconisée par les instances publiques et les milieux d'affaires pour faire face aux changements climatiques est la mise sur pied de bourses du carbone. Voilà une mesure faite sur mesure pour les partisans du libre-marché et qui devrait faire le bonheur des milieux d'affaires. En quoi ça consiste exactement? Comme son nom l'indique, il s'agit d'une bourse, un marché dans lequel on retrouve des vendeurs, des acheteurs et des intermédiaires. Sauf qu'au lieu d'y négocier des actions d'entreprises, on s'y échange des droits et des crédits d'émission de carbone (CO2). Le cadre est généralement celui-ci, à savoir que les gouvernements qui implantent de telle bourse imposent des quotas d'émission de carbone à respecter. Les entreprises qui ne respectent pas ces quotas peuvent alors acheter des droits de polluer aux entreprises qui auront généré des crédits d'émission qu'elles leur vendront. Les défenseurs d'un tel mécanisme affirment que cela aura pour effet de récompenser les "bons" élèves et de pénaliser les "mauvais". Voilà pour la théorie.

Dans les faits, par contre, lorsqu'on y regarde de près, on réalise que nous avons possiblement affaire à une solution empoisonnée. Comme nous l'avons déjà évoqué, les bourses du carbone sont conçues sur mesure pour les affairistes. Comme le souligne le journaliste au Rolling Stone, Matt Taibi, une telle bourse « est simplement une taxe sur le carbone, structurée pour que des intérêts privés ramassent les revenus, au lieu simplement d'imposer un montant de taxe fixe sur la pollution au carbone et d'obliger les producteurs d'énergie polluante à payer pour la destruction qu'ils produisent ». Le mécanisme même de ces bourses est configuré afin de faire fructifier les placements. Comme les gouvernements prévoient de resserrer les quotas avec le temps, donc de limiter les possibilités de pollution, un phénomène de rareté se produira dans lequel les droits de polluer se feront de plus en plus rares, faisant ainsi le bonheur des boursicoteurs. Et qui paiera en bout de ligne cette hausse du coût des permis? Il y a fort à parier que ce seront les consommateurs à qui on refilera la facture afin de ne pas rogner sur les profits.

Il y a tout lieu de croire, aussi, que ces bourses auront peu d'effets significatifs pour limiter la pollution. Tant qu'une entreprise a les moyens de payer, elle peut toujours continuer à polluer. Et avec les quotas, on rend en fait légal un certain degré de pollution. De plus, les bourses ne concernent seulement que le carbone, toutes les autres substances polluantes ne faisant pas l'objet d'un échange. Donc, pas d'incitatifs avec la bourse du carbone pour revoir certaines méthodes de production qui génèrent d’autres formes de pollution.

On peut se demander aussi si une telle bourse constituera un réel incitatif pour revoir les méthodes de production et si les "bons" élèves seront réellement récompensés comme il se doit. Même que chez certains secteurs directement visés par les mesures de réduction des gaz à effet de serre on se questionne sur l'efficacité d'un tel mécanisme. Comme le soulignait en 2008 le président de l'Association canadienne du gaz, Michael Clelane : « Je rejette l'idée qu'une bourse soit plus équitable que la taxe. Au contraire, si vous avez amélioré votre efficacité dans le passé, alors vous consommez moins d'énergie, alors vous serez moins soumis à une éventuelle taxe ».

L'instauration d'une bourse du carbone suppose aussi qu'on puisse évaluer monétairement le coût de la pollution et corriger ce qu'on appelle les externalités négatives, à savoir ces coûts - souvent sociaux et environnementaux - qui ne sont pas comptabilisés dans l'échange marchand traditionnel. Et il y a tout lieu de croire que le prix du marché sera en deça du réel coût - qui au demeurant est difficilement quantifiable.

Finalement, c'est peut-être la logique même qui sous-tend la bourse du carbone qui amène certaines personnes à croire qu'elle ne constitue pas une réponse appropriée au défi climatique. C'est que la bourse du carbone relève de cette logique du tout-marché, présentée comme seule mesure régulatrice des échanges économiques et qui fait de la marchandisation du monde son leitmotiv. Cette logique a démontré plus d'une fois, au cours des trente dernières années, ses effets néfastes.

Malgré tout, on semble vouloir aller de l'avant coûte que coûte avec la bourse du carbone. Plusieurs États européens en sont munis. Le Québec n'y fait pas exception, l'Assemblée nationale ayant adopté à l'unanimité au printemps 2009 la loi 42 qui a mis sur pied une bourse du carbone, en vigueur depuis mai 2009. Bien que pour l'instant les échanges y soient plutôt modestes, les perspectives sont plutôt alléchantes pour quiconque entend y faire des affaires. Toujours selon Matt Taibi, « l'avenir des banques d'affaires repose sur les crédits de carbone. Il s'agit d'un marché dans les trillions de dollars qui existe à peine présentement mais qui existera si le Parti démocrate états-unien, qui a reçu 4 452 585$ des lobbys pro-bourse du carbone durant la dernière élection, parvient à faire naître une nouvelle bulle spéculative de matière première, déguisée en programme environnemental nommé "échange de crédit de carbone"».

Les pressions sont donc fortes sur les élus. Beaucoup d'argent est investi pour vendre les bienfaits de l'instauration d'une bourse du carbone. Les appuis en faveur de cette bourse viennent aussi de plusieurs environnementalistes et personnes de marque, que ce soit Steven Guilbault au Québec, Nicolas Hulot en France, ou Al Gore aux États-Unis. On se souviendra d’ailleurs comment l'ancien aspirant à la Maison blanche avait été reçu par La Presse pour parler de lutte aux changements climatiques. Ce type de conférence que donne Gore, moyennant un cachet entre 100 000 et 175 000$, lui a permis, avec les profits ainsi générés, de fonder, avec trois anciens hauts dirigeants de la banque d'affaires Goldman Sachs, la société General Investment Management. L'objectif de la société? Investir dans les crédits de carbone...

Le train semble bien en marche en ce qui a trait à la mise sur pied de bourses du carbone et il est difficile d'entrevoir à court terme un infléchissement de la tendance. En comprendre les rouages pourrait cependant être un premier pas pour quiconque veut appréhender les réels effets escomptés de ce type de mesure. Alors, la bourse du carbone? Un outil efficace pour juguler les effets des changements climatiques? Rien n'est moins sûr. Même que, si l'on s'en remet à l'opinion qu'en émettait l'éminent climatologue James Lovelock dans un entretien accordé au New Scientist, ça ne changera absolument rien dans notre objectif de limiter la prolifération des gaz à effet de serre. Voilà de quoi nous faire méditer...

Source
http://www.alternet.org/environment/141081/the_dark_side_of_climate_change%3A_it's_already_too_late%2C_cap_and_trade_is_a_scam%2C_and_only_the_few_will_survive/
http://www.pressegauche.org/spip.php?article2346
http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=1715

Friday, September 25, 2009

VILLES EN TRANSITION: ÉMISSION DU 25 SEPTEMBRE 2009

Cette semaine, une discussion avec Serge Mongeau et Michel Durand sur les Initiatives de Transition ou les Villes en transition. Un événement sur la question sera organisé le 7 novembre prochain. Pour plus d'informations: quebec@villesentransition.net.

Aussi, les agro-carburants ont toujours la cote malgré ses effets dévastateurs pour les pays du sud, selon François Houtard.

Plogue!
- Conférence de Serge Mongeau, Au-delà de la simplicité volontaire la décroissance conviviale, au Vox Populi le 30 septembre.
- Manifestation de l'ASSÉ contre les projets de loi 38 et 44 sur la gouvernance ler 1er octobre.
- Série de conférences sur la peine de mort organisée par l'ASRSQ.
- Colloque de coopérative de bicyclettes Vélo! Vélo! du 25 au 27 septembre à l'Université Concordia.

En musique
MICKEY 3D - La footballeuse de Sherbrooke
LES FRÈRES GOYETTE - Montini
ESKER MICA - L'accident
CARL-ÉRIC HUDON - PaPaDaPa
DANY PLACARD - J'm'en retourne
KARKWA - Red light
BALTHAZAR - I am the people

Friday, September 18, 2009

LES MINIÈRES AU BANC DES ACCUSÉS: ÉMISSION DU 18 SEPTEMBRE 2009

"Le Québec agit comme une république de bananes avec l'industrie minière"
- Amir Khadir, député de Québec solidaire

Cette semaine, une discussion pour faire le point sur le secteur minier au Québec, en compagnie de Ugo Lapointe, un des porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine!

Ne manquez pas la conférence "Les minières au banc des accusé-e-s" à la Maison Bellarmin, 25 rue Jarry Ouest, dans le cadre des soirées Relations, le 21 septembre prochain à 19h.

Également au menu cette semaine, une analyse des effets de l'instauration d'une bourse du carbone.
http://www.pressegauche.org/spip.php?article2346
http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=1715

Finalement, que peut-on attendre de l'accord Québec-Ontario sur le commerce et la coopération.

Plogues!
- Fête des récoltes du CRAPAUD le 18 septembre
- Lancement de Dinner for Dissidents de Norman Nawrocki, le 21 septembre à la Casa del popolo
- Changer le monde : la dynamique des forums sociaux du global au local, avec Raphaël Canet au Bar populaire le 23 septembre
- Conférence publique / Débat : La grippe porcine H1N1, les risques de la vaccination avec Michel Chossudovsky et Marc Zaffran au Centre St-Pierre le 23 septembre
- Vers un pacte de l'eau, conférence et lancement du dernier ouvrage de Maude Barlow chez Écosociété le 23 septembre à l'UQAM

En musique

FRED FORTIN - La merveille masquée
ME, MOM & MORGENTALER - Heloise
JIM MURPLE MEMORIAL - Qui que l'on soit
MONOGRENADE - Ce n'est rien
ÉLÉPHANTINE - À l'infini
LA DESCENTE DU COUDE - L'axe du mal malaxé
NORMAN NAWROCKI - Mary Kelley

Friday, September 11, 2009

PAS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE SANS SOLIDARITÉ AVEC LE RESTE DU MONDE: ÉMISSION DU 11 SEPTEMBRE 2009

Cette semaine :

- démission du conseiller spécial de l'administration Obama en matière d'environnement, Van Jones
- Infiltration de groupes pacifistes aux États-Unis.
- 5e journée montréalaise d'amitié avec Cuba et présentation du dossier des "cinq", ces prisonniers politiques cubains incarcérés aux États-Unis
- Critique de Daniel Tanuro du film Home
- Une entrevue avec Jean-François Michaud, coordonnateur de la Coalition québécoise contre les ateliers de misère sur un mémoire présenté devant la commission des transports et de l'environnement

En musique :
THE TOASTERS - I wasn't going to call you anyway
PROPAGANDHI - With Frieds like these who the fuck needs Cointelpro?
MAD'MOIZÈLE GIRAF - Peigner la giraf
THE DODOS - Fables
GRATIEN ET LES GARAGISTES - De Memphis à St-Léonard
GALAXIE 500 - Mercury cougar
WD-40 - Ma dépendance
VENT DU MONT SCHÄRR - Iggy Pop
LES TÊTES RAIDES - Oublie cette chanson
MANO SOLO - Je taille ma route

Thursday, September 10, 2009

UN CALVAIRE QUI SE POURSUIT POUR LEONARD PELTIER

Aux États-Unis, il y a des crimes qui semblent plus graves que d’autres et le meurtre d’agents fédéraux en fait partie. C’est du moins ce qu’on est porté à conclure devant la décision du comité des libérations conditionnelles des États-Unis, le 21 août dernier, de refuser d’accorder au militant autochtone Leonard Peltier sa libération.

Maintenant âgé de 64 ans, cela fait maintenant 32 ans que Leonard Peltier purge 2 peines de prison à vie pour le meurtre au cours d’une fusillade de deux agents du FBI, Jack Coler et Ronald Williams, le 26 juin 1975 sur la réserve autochtone de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Reconnu coupable le 2 juin 1977, il est actuellement incarcéré à la prison de Lewisburg, en Pennsylvanie. Le 28 juillet dernier, c’était la première fois depuis 1993 que Leonard Peltier avait la chance de pouvoir plaider devant le Comité des libérations conditionnelles.

En 1993, il essuyait un premier refus justifié par le fait qu’il avait « prit part à l’exécution préméditée et de sang-froid des deux agents ». Depuis, cependant, le comité a reconnu que la poursuite a concédé le manque d’évidence directe que Peltier ait personnellement participé à l’exécution des deux agents. C’est que la condamnation de Peltier a toujours reposé sur des bases plutôt fragiles. Entre autres exemples, en 1976, son extradition du Canada où il avait trouvé refuge l’avait été sur la base d’une déposition faite sous la contrainte par une témoin présumée, Myrtle Poor Bear, qui s’est rétractée par la suite. De même, comme l’a souligné Amnistie internationale, la poursuite a « empêché que soient produits des éléments de preuve balistiques qui auraient pu revêtir une importance capitale et assister Leonard Peltier dans sa défense », sans compter les centaines de pages de documents relatives à l’affaire que le FBI refuse toujours de rendre public.

Leonard Peltier a toujours clamé son innocence, bien qu’il ait reconnu avoir été présent sur la réserve lors de l’affrontement qui a coûté la vie aux deux agents. Devant les nombreuses irrégularités de son dossier nous aurions été en droit de s’attendre à ce que, cette fois-ci, il obtienne sa remise en liberté. D’autant plus qu’il avait rempli toutes les conditions requises, faisant preuve de bonne conduite en prison et donnant des assurances quant à ses activités à sa sortie de prison, la communauté de Turtle Mountain ayant accepté de le prendre en charge. Et bien non! Le 21 août dernier, le couperet est tombé : nouveau refus de libération conditionnelle. Un refus justifié entre autres par le fait que sa libération « déprécierait le sérieux de son offense et ferait la promotion du non respect de la loi ».

En fait, comme l’a souligné son avocat Eric Seitz, il semble plutôt que le comité des libérations conditionnelles ait cédé aux pressions du FBI. Peu importe si les preuves sont insuffisantes, en 1975 il y eut le meurtre de deux agents fédéraux et quelqu’un doit payer. Après l’acquittement de Darelle Butler et Robert Robideau dans cette affaire en 1976 faute de preuves, Leonard Peltier est devenu la cible idéale. D’autant plus que celui-ci était à l’époque un militant actif de l’American Indian Movement (AIM), au sein duquel on le qualifie d’ailleurs de Nelson Mandela de l’Amérique du Nord. De même, l’attention portée sur le meurtre des deux agents fédéraux a eu pour effet d’éluder toute remise en cause possible du rôle discutable du FBI dans les réserves autochtones au début des années 1970. Pour la seule réserve de Pine Ridge, c’est 60 autochtones qui trouvaient la mort lors de diverses altercations dans les deux années précédant le meurtre des deux agents.

La prochaine audience de Leonard Peltier devant le comité des libérations conditionnelles devrait avoir lieu… en 2024! Il y a fort à parier que celle-ci ne sera pas nécessaire puisque l’état de santé de Peltier est de plus en plus précaire et qu’en ce sens il risque fort de ne pas survivre jusque-là. Sa seule voie de salut est maintenant la clémence présidentielle. Des pressions en ce sens avaient été exercées dans le dernier droit du mandat de Bill Clinton. Reste maintenant à voir si Barack Obama aura le courage de réparer les torts et de remettre en liberté celui que plusieurs défenseurs des droits humains considèrent à juste titre comme étant un prisonnier politique.

En terminant, soulignons que le refus d’accorder sa liberté à Leonard Peltier n’aura suscité que bien peu d’émoi de la part des bien-pensants de ce monde. Une attitude qui tranche, comme on le soulignait dans un article paru sur le site consortiumnews.com, avec celle qui a accompagné la remise en liberté au même moment de Lynette « Squeaky » Fromme, membre du clan de Charles Manson. Reconnue coupable d’une tentative d’assassinat du président Gerald Ford en 1975 elle reçut plusieurs témoignages la présentant comme une victime et ce, bien qu’elle continue à avoir de la sympathie pour le meurtrier de Sharon Tate. Bref, comme quoi certains crimes – qu’ils aient été perpétrés ou non - sont plus punissables que d’autres…

Friday, September 04, 2009

LA FIN DU NEANDERTHAL: ÉMISSION DU 4 SEPTEMBRE 2009

Cette semaine, un entretien avec le réalisateur Bruno Dubuc autour de son documentaire La fin du Neanderthal, qui questionne la place envahissante de l'automobile à Montréal et des moyens de s'y attaquer, que ce soit au sein d'un parti politique ou d'un groupe de citoyens.

Aussi, des nouvelles du prisonnier politique et militant autochtone Leonard Peltier, qui le 21 août dernier s'est vu refusé sa dernière demande de libération conditionnelle, un traitement qui tranche avec celui accordé à d'autres personnalités moins recommandables.

Finalement, un portrait de la campagne avecenergie.org, qui entend remettre à l'avant-plan des alternatives en matière de développement énergétique pour le Québec.

En musique

VINCENT VALLIÈRES - Sortir du bois
DUMAS - Mes révolutions
GUERILLA - Censure à la une
RAGE AGAINST THE MACHINE - Freedom
RENAUD - Leonard's song
PHILIPPE B - La comète
CAGIBI - Barrage hydroconomique
MONONC' SERGE - Le lac St-Jean

Thursday, September 03, 2009

Deux mois après le coup d’État au Honduras, une sortie de crise toujours incertaine

Deux mois après le renversement de Manuel Zelaya le 28 juin dernier, celui-ci est toujours en exil. Le gouvernement issu du putsch avec à sa tête Roberto Micheletti, malgré son isolement sur la scène internationale, continue à se maintenir au pouvoir, entre autres grâce aux tergiversations des États-Unis. Les négociations sous les auspices du président costa-ricain et Nobel de la paix Oscar Arias sont au beau fixe, le clan Micheletti refusant toujours d’entériner les Accords de San Jose qui propose le retour en poste de Zelaya sous la bannière d’un gouvernement d’union nationale jusqu’aux élections présidentielles prévues pour le 29 novembre prochain.


Dans la rue, l’opposition qui s’est manifestée dès l’annonce du coup d’État est toujours aussi vive. Tous les jours, aux quatre coins du pays, des marches, manifestations et autres grèves sont organisées pour dénoncer le renversement de Zelaya et appeler à son retour. Comme il se doit, cependant, la répression est elle aussi toujours aussi déterminée. Les organisations Human Rights Watch et Amnistie internationale ont toutes deux dénoncé récemment les nombreuses violations de droits humains par le régime putschiste et plusieurs organes de presse honduriens se sont vus muselés dans leur travail ou carrément interdits d’opérer pendant quelques temps. Le journaliste Maurice Lemoine fait aussi état dans l’édition du Monde diplomatique de septembre de 18 assassinats politiques depuis le 28 juin.


La condamnation de la communauté internationale, quant à elle, est toujours aussi affirmée. L’union européenne a entre autres gelé toute aide au gouvernement du Honduras tant que la situation ne sera pas régularisée. Même unanimité au sein de l’Union des États sud-américains, alors que le 10 août dernier on s’entendait pour ne pas reconnaître un gouvernement hondurien qui serait élu sous les rênes du régime putschiste. Même deux alliés traditionnels des États-Unis qu’on ne peut soupçonner de sympathies gauchisantes, le Pérou et la Colombie, ont entériné cette résolution.


En fait, il semble que ce soit seulement aux États-Unis que l’on tergiverse encore sur la nature du renversement de Manuel Zelaya. Malgré quelques signes au cours de l’été venant de Barack Obama tendant à condamner le renversement de celui que l’on surnomme « Mel », aucune position officielle n’a été adopté. Même que du côté du Département d’État on n’a toujours pas pris de position claire sur la nature du renversement. Alors, a-t-on affaire à un coup d’État ou à un simple changement constitutionnel?


Pour tenter d’apprécier à sa pleine mesure le renversement de Zelaya, il importe de revenir sur sa présidence. Ce dernier a été élu le 27 novembre 2005 pour ensuite entrer en fonction le 27 janvier 2006. Proche des milieux populaires, sa présidence a graduellement tendu vers la gauche en opérant des politiques visant à améliorer le sort des plus démunis, le Honduras étant un des pays les plus pauvres de l’hémisphère et où les inégalités sont les plus criantes : les deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, le chômage est estimé à 28% et le 10% des plus pauvres détient 1,2% de la richesse du pays contre 42% pour le 10% des plus nantis. À l’instar d’autres pays d’Amérique latine, le Honduras est donc un pays où une petite élite a réussi au fil du temps à concentrer le pouvoir entre ses mains, corrompant plusieurs échelons du gouvernement malgré un fonctionnement et une constitution reposant sur des notions d’État de droit. Au cours de sa présidence, Zelaya s’est donc appliqué à corriger cet état de fait tout en se rapprochant au niveau continental de pays comme le Nicaragua et le Venezuela.


Bien entendu, plusieurs des mesures mises de l’avant par l’administration Zelaya ont soulevé l’ire de cette élite hondurienne et de ses soutiens dans les officines du pouvoir à Washington. Une de ces mesures fut l’augmentation de 60% en juin dernier du salaire minimum. Deux grandes multinationales étasuniennes ont alors mené la fronde contre Zelaya, suivies par la suite par certains secteurs honduriens opérant dans le textile et les exportations. Il s’agit de Chiquita Brands Int. et Dole Food Co. Une autre mesure controversée : la volonté de transformer la base militaire étasunienne de Palmerola en aéroport civil pour pallier aux insuffisances de l’aéroport de Tegucigalpa en matière de trafic aérien international. Des négociations avaient d’ailleurs été amorcées avec l’administration de George W. Bush, pourparlers qui étaient par contre vus d’un mauvais œil par certaines franges de l’appareil d’État étasunien, notamment John Negroponte, premier à avoir été à la tête de la Direction du renseignement national en 2005, ancien ambassadeur au Honduras de 1981 à 1985 alors que le pays servait de base arrière pour armer les Contras dans leur combat contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua, et maintenant à l’emploi de McLarty Associates, consultant de la firme Covington & Burning LLP qui représente Chiquita.


Plusieurs griefs, donc, à l’endroit de Manuel Zelaya de la part de l’élite hondurienne. Mais avec une donne en train de changer en Amérique latine, où les traditionnels coups d’État militaires ne peuvent plus s’opérer aussi aisément, il fallait trouver un prétexte pour son renversement, si possible sous vernis du droit. La question du référendum constitutionnel aura été l’alibi tout désigné. Le 28 juin dernier devait se tenir un référendum prenant la forme d’un vaste sondage auprès de la population pour savoir si celle-ci serait disposée à tenir un vote, parallèlement à l’élection présidentielle, visant à créer une assemblée constituante qui aurait pour mandat de revoir certaines dispositions de la constitution. Ce qui aura attiré l’attention médiatique fut celle qui aurait eu pour effet de permettre au président de pouvoir se présenter pour un deuxième mandat, ce que la constitution actuelle lui interdit, l’article 239 stipulant que personne ne peut proposer de modifier les termes d’un mandat présidentiel et que quiconque s’y essaie doit immédiatement être démis de ses fonctions. Chez les critiques de Zelaya, ils ont été nombreux à accuser le président de vouloir se maintenir au pouvoir à la manière d’un Castro. Pourtant, en entrevue à Democracy Now! Manuel Zelaya mentionnait qu’un tel changement ne devait pas le cas échéant s’appliquer à sa propre personne mais bien aux futurs candidats à la présidence.


Évidemment, le vote n’a pas eu lieu puisque qu’aux aurores, le 28 juin, l’armée hondurienne, sur un ordre de la cour suprême, débarquait chez Zelaya pour lui signifier qu’il était démis de ses fonctions et pour le conduire hors du pays au Costa Rica. Bénéficiant d’un vote favorable du Congrès et de la cour suprême c’est donc sous couvert de la loi qu’on renversa Zelaya. Mais pourquoi avoir opéré de la sorte? Et le gouvernement putschiste peut-il réellement se draper sous les oripeaux de la loi?


Comme l’a souligné l’historien Greg Grandin (http://www.huffingtonpost.com/greg-grandin/fact-checking-lanny-davis_b_255900.html), le vote tenu au Congrès a été taché d’irrégularités. De plus, l’article 239 ne fut pas invoqué dans le décret du Congrès mais a servi de justification après coup. Idem du côté du jugement de la cour suprême. Aussi, si Zelaya a enfreint la loi, pourquoi ne pas simplement l’arrêter en bonne et due forme et le traduire en justice? Le jugement de la cour suprême ne fait pourtant pas mention d’une violation de la loi par Zelaya et aucune accusation formelle n’a été formulée à son encontre depuis. Il semble donc que la justification légale du renversement repose sur des bases plutôt fragiles, n’en déplaise à certains défenseurs du régime putschiste comme Lanny Davis, un lobbyiste de carrière très proche du clan Clinton, principal soutien de Mme Clinton lors des primaires démocrates après avoir été le principal conseiller de Bill Clinton lors de son processus de destitution et aujourd’hui représentant du principal regroupement de gens d’affaires du Honduras.


Alors, encore une fois, pourquoi un tel traitement envers Manuel Zelaya et un tel durcissement du régime? Les manœuvres justificatives ne semblent pas avoir convaincu grand monde puisque la majorité de la communauté internationale continue à condamner ce qu’elle qualifie bel et bien de coup d’État. Dans un tel contexte, avec les tergiversations de Washington, la stratégie du gouvernement Micheletti semble être de vouloir gagner du temps jusqu’aux élections présidentielles du 29 novembre et espérer le cas échéant que le président soit reconnu, en premier lieu des États-Unis. Donc, tant que l’oncle Sam ne prendra pas une position ferme dans le dossier, difficile de prédire si les manifestations populaires au Honduras viendront à bout du régime putschiste et permettront le retour de Zelaya. Bref, tant que les États-Unis ne décideront pas de couper les vivres à la junte, des soupçons demeureront sur une possible implication de certaines franges du gouvernement étasunien dans le coup d’État et la perspective d’une sortie de crise restera incertaine.


Pour plus d’infos :

www.democracynow.org

www.narconews.com